Depuis la première édition du concours CGénial en 2008, ce sont pas moins de 110 000 élèves qui ont été mobilisés autour de quelque 5 400 projets scientifiques et techniques inscrits. Le concours CGénial constitue le tremplin pour une participation au concours européen EUCYS : chaque année lors de la finale nationale, deux équipes de lycéennes et lycéens sont sélectionnées par le jury pour constituer la délégation française au concours EUCYS, un des prix les plus convoités !

Le succès du concours CGénial se construit notamment grâce à l’implication des enseignants qui soutiennent les élèves dans la construction de leur projet.

« Sciences à l’École » a recueilli le témoignage d’Olivier Taste, professeur agrégé de génie mécanique, sciences industrielles de l’ingénieur au lycée Jacques de Vaucanson à Tours, qui a coordonné l’un des deux projets français ayant pris part au concours EUCYS en septembre 2025… Le premier projet français récompensé au concours EUCYS depuis 2021 !

 

Crédits photos : Olivier Taste sauf mention contraire

Le lycée Jacques de Vaucanson, Tours (académie d’Orléans-Tours)

Crédits photo : site fr.wikipedia.org


« L’aventure a commencé en Première spécialité sciences de l’ingénieur en 2024, avec cinq élèves motivés. L’idée était d’adapter un bras articulé open source pour qu’il devienne joueur de Puissance 4 : pince modifiée, distributeur de jetons conçu et testé, impressions 3D, découple laser, câblage électronique, programmation du jeu, détection visuelle des jetons par caméra… Un défi inédit pour des élèves qui n’avaient jamais travaillé sur un projet de cette ampleur, qui avaient peu de connaissances mais une grande envie de réussir. »

Le 7 février 2025, mobilisant cinq élèves du lycée Jacques de Vaucanson, le projet est inscrit au concours CGénial sur le site web de « Sciences à l’École » par Olivier Taste,  enseignant porteur du projet.

« Après une sélection nationale exigeante, leur projet a été retenu parmi les finalistes du concours CGénial. C’est lors de la finale nationale en mai à la cité des Sciences et de l’Industrie à Paris qu’ils ont appris leur qualification pour représenter la France à l’EUCYS. Une immense surprise et une grande fierté, mais aussi la promesse d’un nouveau challenge : présenter leur travail en anglais, devant des jurys internationaux, et faire fonctionner le robot après un long voyage.

Le défi a été relevé avec brio : malgré les imprévus techniques, les élèves ont su convaincre et séduire. Leur bras robotique, à la fois spectaculaire et ludique, a suscité la curiosité du public et des jurys. Résultat : le prix EIROfORUM, offrant aux trois lycéens lauréats une semaine de visite au CERN à Genève.

Pour moi, enseignant en sciences de l’ingénieur depuis 19 ans à Vaucanson, c’était une première participation à un concours scientifique. Je retiens surtout la force du collectif, la persévérance et l’ingéniosité dont ont fait preuve mes élèves. Cette aventure montre que les sciences de l’ingénieur peuvent être à la fois exigeantes et ludiques, et qu’elles attirent le regard de tous.

Comme je le répète à mes élèves : aucune hésitation à avoir pour se lancer dans ce type de défi. On en sort grandi, fier, et plus curieux encore.

Lors de la réunion du comité scientifique du concours CGénial qui s’est tenu le 3 avril 2025 à l’Observatoire de Paris, le projet est sélectionné pour prendre part à la finale nationale du Concours CGénial qui se tient le 21 mai 2025 à la Cité des sciences et de l’industrie. Crédits photo : Sciences à l’École.

L’idée d’un bras qui joue au Puissance 4

Tout a commencé en 2023, en spécialité sciences de l’ingénieur avec une classe de Première. J’avais depuis quelque temps en tête l’idée d’un bras articulé, après en avoir vu un fonctionner chez un collègue travaillant en IUT de robotique. J’ai proposé aux élèves de se lancer dans l’aventure. Très vite, la question s’est posée : « Mais à quoi va servir ce bras ? »
. Les idées ont fusé : jouer aux échecs, aux dames… Trop complexe à programmer, trop de positions à gérer. Finalement, l’évidence s’est imposée : le Puissance 4. Sept colonnes à gérer, des jetons faciles à attraper, et un jeu connu de tous. Simple, attractif et pourtant techniquement ambitieux pour des élèves qui n’avaient encore jamais mené un projet de cette ampleur.

Nous étions cinq au départ : quatre élèves de SI, rejoints par un élève de NSI pour la partie programmation. Chacun a trouvé sa place, et surtout… son rôle.

Une équipe soudée, chacun son domaine

Rapidement, le projet est devenu une véritable aventure collective. Erwan s’est lancé dans la modélisation 3D, Emma a pris en charge l’impression et la communication, Kalvyn a apprivoisé les moteurs pas à pas et leurs caprices mécaniques, Gabriel s’est attaqué à la programmation du jeu, tandis que Bastien travaillait sur les déplacements du robot et la vision par caméra, tout en réalisant un site web et des vidéos. Le tout en jouant quelques parties de temps en temps.

En un an, ils ont acquis une palette de compétences impressionnante : modéliser et adapter un bras open source, concevoir un distributeur de jetons, modifier une pince, câbler moteurs et drivers, programmer le tout avec Arduino pour la commande du robot, coder en python pour gérer le jeu de puissance 4, intégrer une reconnaissance visuelle, même tenter une intelligence artificielle… sans oublier un bandeau de LED qui change de couleur selon le tour de jeu. Leurs boîtiers transparents, où l’on distingue chaque composant, montrent bien que la pédagogie était toujours au cœur du projet.

Sélectionné pour prendre part au concours EUCYS, le projet « ROBOT J4 » du lycée Jacques de Vaucanson est l’un des 50 projets – collège et lycée confondus – qualifiés en finale nationale du concours CGénial en 2025. Sur les 20 projets de lycéens finalistes, 7, dont le projet « ROBOT J4 » ont été distingués par le jury. 

Les premiers frissons

Je me souviens encore de ce moment précis : le jour où le robot a déposé correctement son premier jeton dans la grille. Un mélange de cris de joie, de soulagement et d’incrédulité. Tout fonctionnait enfin ! Mais ce n’était que le début.

Longtemps après, lors de la finale nationale du concours CGénial à la cité des sciences et de l’industrie, une autre scène est restée gravée : le robot refusait de détecter correctement les jetons à cause d’une lumière trop variable sous la verrière. La solution ? Un parapluie, emprunté à la hâte, pour protéger la caméra et la grille. Pendant ce temps, Bastien modifiait le code à toute vitesse. Stress maximum… et soulagement ultime : juste avant le passage du jury, tout fonctionnait.

De Tours à l’Europe

C’est lors de cette finale CGénial que la grande nouvelle est tombée : premier prix avec une autre équipe française et surtout sélectionnés pour représenter la France à EUCYS, le concours européen des jeunes scientifiques. Ma première réaction ? La surprise. Je n’avais jamais participé à un concours, je ne mesurais pas vraiment ce qui nous attendait. Mais la fierté a vite pris le dessus : mes élèves venaient de franchir une étape exceptionnelle.

Arrivés à Riga, nous avons découvert une organisation impeccable et un niveau scientifique impressionnant. Les élèves devaient présenter leur projet en anglais, devant cinq jurys différents. Les questions étaient pointues, préparées à partir de leur dossier. Et pourtant, Bastien, Emma et Kalvyn ont su répondre avec assurance. Leur aisance, leur maîtrise et leur entraide m’ont bluffé.

Lors de l’édition 2025 du concours EUCYS qui s’est tenue à Riga en Lettonie du 15 au 20 septembre 2025, deux équipes de lycéennes et lycéens constituaient la délégation française : les élèves du lycée Jacques de Vaucanson de Tours (Académie d’Orléans-Tours) et ceux du lycée Jeanne d’Arc de Bastia (Académie de Corse).

Le pouvoir d’attraction du jeu

Lors des journées d’ouverture au public, notre stand n’a pas désempli. Le robot attirait l’œil, le jeu séduisait petits et grands. Le Puissance 4 avait trouvé sa place parmi des projets de physique, de biologie ou de chimie de très haut niveau. Le public souriait, les élèves expliquaient, le bras déposait ses jetons avec précision.

Puis est venu le moment des résultats : prix EIROforum. La récompense ? Une semaine de visite au CERN, à Genève. Inutile de décrire la joie des élèves. Tout le travail, toute la persévérance, toutes les heures passées à coder, à tester, à ajuster… venaient de trouver leur plus belle reconnaissance.

Un bilan humain et scientifique

Pour moi, ce projet a été bien plus qu’une simple expérience pédagogique : une véritable aventure humaine. J’ai vu mes élèves évoluer, gagner en confiance et en autonomie, apprendre à surmonter les obstacles ensemble. Leur persévérance a fait la différence, tout comme leur enthousiasme contagieux.
 En tant qu’enseignant, j’ai aussi redécouvert combien un projet concret peut transformer la relation aux sciences : elles cessent d’être abstraites pour devenir vivantes, tangibles, passionnantes. 
Ce que je retiens avant tout, c’est la force du collectif et la satisfaction immense de voir un défi audacieux se concrétiser. »

Olivier TASTE était présent à Riga lors du concours EUCYS aux côtés des trois élèves ambassadeurs du projet : Bastien GAFFET, Kalvyn MARTIN et Emma COUTELET.

Curiosité, transmission et engagement : accompagner les élèves dans des projets ambitieux

« Depuis tout jeune, j’ai toujours été fasciné par le fonctionnement des objets du quotidien : comment ils étaient conçus, fabriqués, ajustés pour répondre à un besoin précis. Cette curiosité m’a naturellement conduit à suivre un parcours scientifique : un baccalauréat Scientifique avec option sciences de l’ingénieur (TSA à l’époque), puis une classe préparatoire PTSI/PT à Limoges, avant d’intégrer l’École Normale Supérieure de Cachan, où j’ai obtenu l’agrégation de génie mécanique. Ces années de formation ont renforcé mon goût pour la rigueur, l’expérimentation et la compréhension approfondie des phénomènes physiques et techniques.

En 2004, j’ai commencé à enseigner dans l’académie d’Orléans-Tours, en tant que TZR, alternant postes au lycée Jacques de Vaucanson et remplacements dans différents collèges, lycées professionnels et lycées de l’académie. Ce n’est qu’en 2014 que je me suis stabilisé à Vaucanson, un établissement général et technologique où les sciences sont fortement ancrées, avec des filières SI, STI2D et CPGE PTSI/PT. L’exigence scientifique de ce lycée, combinée à une équipe d’enseignants passionnés et engagés, en fait un cadre idéal pour accompagner les élèves dans des projets ambitieux.

Ma motivation première reste le contact avec les élèves et la transmission des connaissances. J’essaie de leur montrer qu’au-delà des concepts et des méthodes, la curiosité est essentielle : se poser des questions sur le « pourquoi » et le « comment », chercher à comprendre ce qui nous entoure, et surtout, ne jamais avoir peur de se lancer dans l’inconnu. C’est cette philosophie qui m’a conduit à encadrer, pour la première fois, un projet de concours scientifique ambitieux : un bras robotique capable de jouer au Puissance 4, qui a valu à mes élèves de remporter un prix lors du concours européen EUCYS.

Accompagner un projet comme celui-ci nécessite de conjuguer plusieurs compétences : planification, organisation, technique, mais aussi écoute, patience et pédagogie. Chaque élève doit pouvoir trouver sa place et développer ses propres compétences tout en participant à un objectif collectif. Le rôle de l’enseignant est alors de guider, soutenir et parfois laisser la place à l’autonomie, pour que chacun se dépasse.

À travers cette expérience, j’ai pu mesurer combien les sciences de l’ingénieur peuvent être à la fois exigeantes et enthousiasmantes, et combien les projets concrets permettent aux élèves de vivre pleinement la démarche scientifique : formuler des hypothèses, tester, ajuster, recommencer, apprendre de ses erreurs, célébrer ses réussites. Ces moments, souvent intenses, sont pour moi la meilleure récompense d’un engagement professionnel.

Mon souhait est que chaque élève puisse se sentir capable de relever un défi scientifique, qu’il découvre le plaisir de manipuler, de créer, et la satisfaction de voir ses idées prendre forme. Je crois profondément que la curiosité, la persévérance et le travail en équipe sont au cœur de toute réussite scientifique et humaine. Dans un monde où les sciences et les technologies façonnent notre quotidien, il est essentiel de transmettre cette culture scientifique et technique à la jeunesse, pour qu’elle devienne autonome, inventive et confiante dans ses capacités.

Accompagner des projets de cette envergure, même pour un enseignant expérimenté et dans les conditions actuelles, reste un défi stimulant et enrichissant. C’est un privilège et un honneur de pouvoir contribuer, à travers mon enseignement, à éveiller la curiosité et la passion scientifique des élèves, et de participer modestement à leur réussite sur la scène nationale et internationale. »

Olivier Taste, lycée Jacque de Vaucanson, Octobre 2025


Le premier tour d’inscriptions pour l’édition 2026 du Concours CGénial 2026 est ouvert jusqu’au 9 novembre 2025 !

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