Depuis la première édition du concours CGénial en 2008, ce sont au total pas moins de 80 000 élèves qui ont été mobilisés autour de près de 4 000 projets scientifiques et technique inscrits. Le succès du concours se construit notamment grâce à l’implication des enseignants qui soutiennent les élèves dans la construction de leur projet.

« Sciences à l’École » a recueilli le témoignage de plusieurs enseignants qui exercent en lycée : ils racontent leur parcours, leur motivation et leur démarche visant à rendre les élèves acteurs de la construction de leurs savoirs.

FOCUS sur le Lycée Pilote Innovant International LP2I à Jaunay-Marigny, avec les témoignages de :

  • Jean-Brice MEYER, professeur de physique-chimie ;
  • Tristan CLÉMENT, technicien de laboratoire.

Le Lycée Pilote Innovant International à Jaunay-Marigny (académie de Poitiers) – Crédits photo : Mickaël Planès – MickePhoto


Jean-Brice MEYER, professeur de physique-chimie

Pouvez-vous présenter votre formation scientifique et votre parcours d’enseignant, notamment au lycée Pilote Innovant International LP2I ?

J’ai une formation universitaire. Après mon bac scientifique, je voulais devenir archéologue. Je suis allé voir le conseiller d’orientation durant la terminale pour lui en faire part. Il m’a dit « Archéologue : 8 ans d’études, débouchés incertains ». Mon jeune âge de l’époque a accusé le coup, et j’ai alors abandonné l’idée de faire des études, tout en gardant la volonté de travailler dans un milieu scientifique en rapport avec la nature (je ne voyais pas l’intérêt de faire des études si ce n’était pas pour faire archéologue). Le conseiller d’orientation m’a alors proposé de passer le concours de météorologie, niveau bac, qui permettait en plus de gagner un salaire confortable dès mes 18 ans. Mais il m’a tout de même conseillé de ne pas le passer à l’issue de la terminale, mais de le passer après une année de DEUG scientifique, car ceux qui se présentaient à ce concours possédaient un bac +1, voire bac +4. J’ai suivi son conseil et j’ai donc entamé un DEUG A (physique – math – informatique). J’ai passé le concours de météorologie à la fin de ma première année de fac,  j’ai été reçu…. et je n’y suis pas allé. En effet, je découvrais finalement la physique post bac à l’Université de Bordeaux, et cela me plaisait tellement, que j’ai décidé de profiter de ce que pouvaient m’offrir les sciences. J’ai alors enchaîné les années : DEUG A, licence physique, maîtrise physique, DEA physique, pour finalement passer un doctorat en physique. Comme le domaine du vivant m’intéressait aussi, j’ai souhaité travailler sur un sujet à l’interface entre la physique et la biologie. Mon sujet de thèse portait alors sur l’étude de la structure d’une bactérioferritine d’Escherichia coli par diffraction X, afin de comprendre son mode de fonctionnement. Finalement, pour quelqu’un qui avait abandonné l’idée de faire des études longues…on n’est pas à l’abri de découvrir une passion !

Ces trois années de thèse m’ont beaucoup plu et beaucoup apporté, en particulier le goût de la recherche, la rigueur, et une appétence pour mettre en place une démarche d’investigation pour arriver à répondre à une problématique. Mais je découvrais en parallèle l’enseignement, la transmission de mes connaissances. J’ai alors décidé de m’orienter vers cela, avec la volonté de partager avec les élèves la façon de faire de la recherche. C’est ainsi qu’à l’issue de mes trois années de thèse, je me suis inscrit à une préparation agrégation de physique. Cette préparation a confirmé mon engouement pour l’enseignement. J’ai ainsi eu l’agrégation de physique option physique. 

J’ai fait mon année de stage à Bergerac, puis, par le jeu des mutations, ne pouvant rester dans l’académie de Bordeaux, ni proche (on m’a affecté dans l’académie d’Orléans-Tours), j’ai demandé à enseigner en zone sensible. J’ai alors fait un an à Dreux, en collège. Ce fût particulièrement difficile, mais je l’avais choisi et j’acceptais donc le défi. Il est ressorti de cette expérience qu’à travers les sciences, on peut amener un élève à retrouver un certain intérêt pour les cours, et à retrouver une certaine confiance. Mais ces victoires restaient trop peu nombreuses, car dans ce collège, la vie des élèves à l’intérieur de l’établissement été trop dépendante de paramètres extérieurs que le personnel ne pouvait pas maîtriser. 

Au bout d’un an, j’ai demandé ma mutation car ma fille avait un an et était avec ma femme dans l’académie de Bordeaux. Une mutation simultanée nous a conduit dans l’académie de Poitiers, et j’ai été affecté au LP2I (Lycée Pilote Innovant International) en tant que TZR. 

Durant cette année, j’ai découvert un nouveau public, extraordinaire. J’ai pris un plaisir considérable à enseigner les sciences physiques. Tout était idyllique. 

Le fonctionnement du LP2I était tel que tous les élèves du lycée devaient s’investir durant toute l’année scolaire, dans un projet de son choix, qu’eux-mêmes définissaient en début d’année. Ces projets devaient être réalisés par des groupes de 12 à 15 élèves, et devaient obligatoirement regrouper des élèves de seconde, de première et de terminale. Pour réaliser ces projets, le lycée mettait à disposition en moyenne 1 demi-journée toutes les deux semaines aux élèves en annulant les cours. Cela contribuait à une excellente ambiance de travail, à une intégration des élèves extrêmement efficace. Et il s’est ensuite avéré que, comme les élèves devaient tout gérer lors de ces projets, que ce soit sur le fond du sujet, mais également sur un plan financier, gestion humaine du groupe, etc. , les projets apportaient aux élèves des compétences précieuses qu’ils peuvent exploiter durant toutes leurs études postbac, voire même dans leurs milieux professionnels. Le rôle des enseignants se limitait à un encadrement administratif, et à apporter quelques conseils aussi bien au niveau de la gestion du groupe, que dans le fond, si l’enseignant se trouvait compétant sur le sujet.

Jean-Brice Meyer (à gauche) et Tristan Clément (à droite) encadrent les élèves présents à Orsay sur le site de l’Université Paris-Saclay, lors de la finale nationale des Olympiades de Physique les 28 et 29 janvier 2022.

Qu’est-ce qui vous motive à inscrire des projets au concours CGénial ? Quel intérêt les élèves trouvent-ils à y prendre part ?

Après quelques années durant lesquelles j’ai encadré des projets variés, et pas toujours scientifiques, j’ai pris connaissance de l’existence des concours auxquels les élèves pouvaient présenter leurs projets. Cela s’est passé en 2008. Il se trouve que cette année, « Sciences à l’École » proposait aux enseignants de participer à un stage au CERN. C’était la première année que cela se produisait. J’ai proposé ma candidature et j’ai eu ce privilège de suivre une semaine au cœur de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Suite à ce stage, j’ai postulé à un appel à projet « Cosmos à l’École » pour disposer d’un détecteur de muons. J’ai ainsi pu en obtenir un pour une durée de 2 ans. Durant ces deux années, nous avons fait des projets passionnants. Nous avons été amenés à modifier l’agencement du détecteur pour qu’il réponde à nos problématiques, nous l’avons complété avec d’autres capteurs que nous avons confectionnés. 

Comme nous bénéficions alors des actions du dispositif « Science à l’École », nous avons découvert le concours CGénial, puis les concours Olympiades de physique et Faites de la science. 

Sans hésiter, j’ai alors inscrit les projets aux concours scientifiques. Je trouvais que c’était un moyen de valoriser le travail des élèves. En réalité, cela va bien au-delà de cela. Nous avons alors travaillé sur un projet en 2009-2010 intitulé « L’univers des particules », qui exploitait le cosmodétecteur au-delà de ce pour quoi il était initialement prévu, et nous avons eu un 1er prix national à 2 concours (Olympiades de physique, et Faites de la science), et une 5ème place sur 20 équipes au concours CGénial (à l’époque, toutes les équipes étaient classées à une place unique).

Le fait d’inscrire le projet aux concours motive les élèves à produire un travail le plus sérieux possible, rigoureux, approfondi. Ils savent que le jury est exigeant et qu’il faut alors que leur travail soit à la hauteur. Ils essaient alors d’approfondir ce qu’ils font, que ce soit en termes d’expériences ou de raisonnements. Et tout cet investissement est alors valorisé lors de la présentation devant le jury. À cette occasion, les élèves apprennent aussi à rédiger un mémoire, préparer un diaporama, ainsi que présenter un projet scientifique à l’oral. Ce sont des choses que les élèves exploitent également dans leurs travaux au lycée, mais le faire sur un projet d’une année pour rendre compte devant un jury exigeant et compétent, cela demande à être très performant. C’est une expérience dont ils se souviennent toujours, comme peuvent me le témoigner les élèves avec qui je suis resté en contact depuis 2009. Par exemple, Olivier Churlaud, qui a participé au projet « l’univers des particules », est désormais ingénieur au CNES, et nous a accueilli il y a 2 ans, des élèves et moi-même, pour nous faire une visite guidée au cours de laquelle nous avons eu l’occasion d’envoyer des codes à un satellite en temps réel ! 

Globalement, le fait d’inscrire le projet au concours apporte de la dynamique, du perfectionnisme, et une grande dose d’enthousiasme. Les moments vécus sont tellement intenses, que tous les élèves qui passent dans les projets en gardent plus qu’un excellent souvenir, ils forment une grande famille et restent en contact entre eux et avec moi-même. 

Durant ces projets, je mets à profit tout ce que j’ai appris moi-même et tout ce que j’apprends pour accompagner les élèves, sur le fond bien entendu, mais également sur les démarches scientifiques, sur la façon de présenter un projet à l’oral, de construire un diaporama, tout en restant un conseiller, sans imposer quoi que ce soit.

Les élèves du projet « Un disque troublant » inscrit au concours CGénial 2022

– Comment procédez-vous chaque année pour construire un nouveau projet ? À quel point les élèves interviennent-il dans les choix à effectuer ? Quel est leur degré d’implication et d’autonomie dans les actions menées ?

En début d’année, les élèves du lycée se regroupent par centre d’intérêt et forment des groupes d’environ 15 élèves. Lors de la première séance, les élèves écrivent au tableau toutes les idées qui pourraient déboucher sur des projets. Il est important de ne pas intervenir à ce moment-là, car un moindre mot peut déboucher sur une idée intéressante. Une fois les idées écrites au tableau, chaque idée est passée en revue pour que le groupe puisse imaginer ce qui pourrait être réalisé pour développer le projet. Avec mon collègue Tristan Clément, nous apportons des informations si nécessaires. 

À l’issue de la séance, les élèves votent pour choisir 3 ou 4 projets dans lesquels ils vont s’investir. Ils forment alors de petits groupes, et c’est parti !

Il est clair que lors des premières séances, mon collègue et moi sommes présents pour les aider à réaliser les expériences qui peuvent répondre à leurs hypothèses : les élèves souhaitent faire une mesure, nous les amenons alors à réfléchir à la sensibilité et à la résolution du capteur à utiliser et les aidons à réaliser le montage. Au fur et à mesure que le projet avance, les élèves apprennent à connaître le matériel et deviennent autonomes.  À tel point qu’il nous arrive de les voir s’installer dans une salle libre pour manipuler, seuls, durant leurs temps libres pour poursuivre leurs projets. Comme tous n’ont pas les mêmes temps libres, ils tiennent à jour un document collaboratif dans lequel ils écrivent tout ce qui est réalisé.

Les élèves du projet « Un fil qui donne des sueurs chaudes » inscrit au concours CGénial 2022

– Quelle organisation particulière, le fait de coordonner simultanément plusieurs projets requiert-il ? A quel point la subvention versée chaque année par « Sciences à l’École » et la Fondation CGénial est-elle déterminante au développement des projets ?

Il faut pouvoir communiquer facilement et rapidement avec chaque groupe d’élèves. On fait donc des groupes. Mais avec 3 ou 4 projets, il n’y a pas d’autres solutions que de courir après le temps durant environ 2 mois. Mais au bout de deux mois, si on a bien pris soin de laisser petit à petit les élèves être autonomes, on peut alors en profiter, il est tout à fait possible de répartir son temps entre les différents groupes. Ça, c’est bien entendu le cas idéal. Si vraiment les élèves n’arrivent pas à être autonomes, alors il n’y a pas d’autre choix que de laisser le projet se faire en plus de temps, c’est-à-dire en deux ans au lieu d’un.

Dans tous les cas, il faut bien compartimenter son temps avec les élèves : lors d’un après-midi de projet, si je dispose de 4 heures pour 4 projets, je donne le planning aux élèves dans lequel ils voient que je réserve 1h par projet. Mais comme mon collègue Tristan Clément est également présent, il peut aussi répondre aux demandes des élèves, ce qui arrive toujours. 

Pour aller plus loin, pour encadrer plus de 2 projets, il est indispensable que le technicien de laboratoire soit impliqué dans les projets. En effet, non seulement il peut répondre à des demandes spécifiques pour lesquelles je ne suis pas compétent. Ça peut être usiner une plaque de métal ou autre…. l’expertise de Tristan Clément à ce niveau-là est vraiment précieuse. Depuis deux ans, les deux techniciens de laboratoire s’investissent d’ailleurs dans les projets : Evelyne Artarit, et Tristan Clément. Sans eux ; il aurait été tout simplement impossible de gérer 4 projets à la fois. Je trouve en plus que leur implication dans les projets tisse des liens de complicité avec les élèves, à tel point que l’ensemble élèves, techniciens et professeurs formons une équipe soudée, solidaire et efficace. Tout le monde y trouve son compte, et chaque membre est sur le même pied d’égalité dans cette équipe.

Pour réaliser les projets, il est indispensable d’avoir des subventions. Le lycée nous octroie une somme de 180 euros, mais cela ne permet pas de se doter de tout ce dont nous avons besoin pour mener à bien nos projets. Nous avons par exemple eu besoin cette année d’une caméra thermique qui a coûté 400 euros, de piles, de plaque de différents métaux, de billes de verre, bref…. pour 4 projets, les dépenses peuvent s’élever à plus de 1000 euros. Seules les subventions que nous recevons pour nos participations aux concours scientifiques nous permettent d’obtenir les moyens financiers nécessaires à la réalisation des projets.

– Pouvez-vous détailler votre histoire avec le concours CGénial au sein du lycée Pilote Innovant International LP2I, ainsi que vos participations à d’autres concours ? Pouvez-vous nous faire part d’une participation au concours CGénial qui vous a particulièrement marqués vous et les élèves, une anecdote, un souvenir ?

Ma première participation au concours CGénial date de l’année scolaire 2009-2010, et depuis, mes élèves ont présenté un projet chaque année (sauf en 2011-2012…j’étais à l’hôpital). J’ai répertorié dans le tableau ci-dessous les projets qui sont allés jusqu’en finale… Je n’ai pas pris le temps de mettre ceux qui n’ont pas été qualifiés en finale.

Le projet « Les mystères de la tasse » a particulièrement été marquant, car à partir d’une simple tasse de chocolat au lait, le projet a reçu un premier prix à trois concours nationaux, mais il a surtout reçu le prix EUCYS, ce qui a amené les élèves à présenter le projet à Tallin, en Estonie. A cette occasion, les élèves ont eu un prix international. J’ai également personnellement présenté ce projet qui me tenait à cœur à « Science on Stage », et le projet a remporté le premier prix sur un ensemble de 80 projets présentés dans la catégorie « Low cost ». 

Projets finalistes et palmarès :

Année scolaire

Concours CGénial

Olympiades de physique

Faites de la science

Concours internationaux

2009-2010 L’Univers des particules

5ème/20

L’Univers des particules

1er prix

L’Univers des particules

1er prix

2010-2011 Dans le sillage de Cerenkov

1er prix

Dans le sillage de Cerenkov

1er prix

2011-2012
2012-2013 Ça TAP à l’oreille

3ème prix

Surfer sur Jupiter

1er prix

2013-2014 Ça TAP à l’oreille

3ème prix

Ça TAP à l’oreille

5ème/25

2014-2015 Egoutte l’écoute

1er prix

Egoutte l’écoute

1er prix

Egoutte l’écoute

1er prix

Egoutte l’écoute

Stockholm – Waterprize

Ça TAP à l’oreille

Londres – Science On Stage

2015-2016 Les mystères de la tasse

1er prix

2016-2017 Les mystères de la tasse

1er prix

Les mystères de la tasse

1er prix

Les mystères de la tasse

Estonie – EUCYS 

Bubble alarm versus surfactant 

Debrecen – Science on Stage

2017-2018 Vibrer pour peser

2ème prix

Histoire de se faire mousser

2ème prix

Vibrer pour peser

3ème prix

Vibrer pour peser

Prix de l’excellence

Surfer sur Jupiter

Bruxelles – ODYSSEUS 

 

2018-2019 Histoire de se faire mousser

Prix de la démarche scientifique

Hand spinner

1er prix

Ça ne tient qu’à 1 fil

3ème prix

Surfer sur du sable

1er prix finale académique

4ème prix national

A mysterious cup

Cascais – Science on Stage

2019-2020 Finale annulée Histoire à rebondissements

1er prix

Surfer sur du sable

2ème prix

Froid…Chaud… Froid… Chaud… Ecoute les indices

2ème prix

Finale annulée
2020-2021 Hand spinner

Finale nationale

Sel de la science

Finale nationale 

 Prix du public

Voyager sans visa

3ème prix

Sel de la science

2ème prix

Descente magnétique

1er prix

Ça ne tient qu’à 1 fil

1er prix finale académique

2021-2022  

Un fil qui donne des sueurs chaudes

1er prix

Fractionner un jet

 

Un disque troublant

1er prix

Un fil qui donne des sueurs chaudes

2ème prix

Fractionner un jet

2ème prix

Une réfraction peu réfractaire

Un disque troublant

Un fil qui donne des sueurs chaudes

Science on Stage Pragues

– En quoi la participation à une telle démarche de projet peut-elle déclencher des vocations scientifiques chez les jeunes ?

Durant les projets, dès que possible, nous faisons en sorte de rencontrer des scientifiques pour nous accompagner dans les projets. Nous rencontrons également des scientifiques lors de visites de laboratoires que nous gagnons en participant aux concours. Lors de ces rencontres, nous prenons le temps de bien comprendre les différents métiers, que ce soit ingénieurs, chercheurs, techniciens… Il n’y a que lorsque nous sommes sur les lieux de travail de ces personnes que les élèves prennent la pleine mesure de ce en quoi consiste les différents corps de métiers. 

Par le biais des concours, les élèves découvrent finalement le monde de la recherche et de l’ingénierie, et il est fréquent de les voir changer d’orientation.

J’ai des élèves qui voulaient faire médecine et qui sont partis en CPGE, d’autre qui ne savaient pas quoi faire et qui étaient alors, suite aux projets, bien décidés à poursuivre en science. L’impact des projets sur l’orientation des élèves est très fort. On a vraiment la possibilité de susciter des vocations scientifiques.

Les élèves du projet « Fractionner un jet » inscrit au concours CGénial 2022

– Évoquons « Science on Stage France » : quel est l’objectif de cette association et quel rôle y tenez-vous?

« Science on Stage France » est une association dont le but est de faire rencontrer des enseignants de tous les pays d’Europe ainsi que du Canada, afin d’échanger sur nos pratiques, nos façons d’enseigner les sciences quelles qu’elles soient : physique, chimie, mathématique, informatique, sciences de l’ingénieur… Ces rencontres se passent en deux temps : chaque pays qui y participe organise dans un premier temps un festival national au cours duquel une dizaine de professeurs parmi ceux qui y participent seront sélectionnés pour représenter la France lors du festival international qui se passe dans un deuxième temps, tous les deux ans. Pour y participer, il faut que l’enseignant présente un projet, ou une façon originale de travailler avec ses élèves. « Science on Stage » est ouvert aux professeurs qui enseignent du niveau école élémentaire, jusqu’au lycée. Le festival européen regroupe près de 300 projets.

Comme toute association à but non lucratif, « Science on stage France » dispose d’un président, d’un vice-président, trésorier, secrétaire, vice-secrétaire. J’occupe ma part ce poste de vice-secrétaire. J’ai désiré m’investir dans l’organisation de « Science on Stage France » car suite à une première sélection, j’ai pu participer au festival européen à Londres en 2015, puis à Debrecen en 2017. J’ai alors pu me rendre compte à ces occasions de la richesse des échanges et donc de l’importance d’une telle manifestation. Les sciences rassemblent et se partagent. 

Lors du festival européen, chaque enseignant tient un stand et présente un projet. Certains projets ont en plus de cela l’occasion d’être présenté devant plusieurs jurys, durant les trois jours du festival. C’est à cette occasion qu’en 2019, j’ai pu présenter le projet « A mysterious cup » au festival européen à Cascais, au Portugal, dans la catégorie des projets « low cost » ; et j’ai eu l’honneur de recevoir le 1er prix sur un ensemble de 80 projets qui concourraient dans cette catégorie. J’ai aussi été invité à « Science on Stage Canada » pour présenter le projet « Egoutte l’écoute », qui entre temps avait évolué vers un projet permettant de mesurer la concentration d’une solution en tensioactif en écoutant une bulle d’air vibrer dans la solution : « Bubble alarm versus surfactants ».

– Un message pour convaincre les collègues qui ne connaissent pas le concours CGénial, de s’y inscrire ?

Lorsqu’on participe pour la première fois à un concours, le plus délicat est de trouver sa place auprès des élèves : à quel moment doit-on intervenir, dans quelle mesure. Il est évident qu’on endosse une certaine responsabilité, et on a envie d’être de bon conseil. Mais réussir dans ce rôle dès la première fois n’est pas évident. Il est alors important de renouveler l’expérience, car la deuxième fois est généralement la bonne. Et quand on voit le bénéfice que cela apporte, il serait vraiment dommage de se passer de cette expérience. 

Non seulement le fait de présenter un projet scientifique au concours CGénial apporte beaucoup aux élèves, que ce soit en termes de gestion de projet, gestion du stress, apprendre à argumenter scientifiquement, apprendre à exposer devant un jury… Mais cela apporte aussi beaucoup dans les rapports entre élèves et professeur. Il s’instaure une relation de complicité et de confiance entre les élèves et le professeur. Il faut vraiment le vivre pour se rendre compte à quel point les élèves travaillent en s’amusant. Quand les élèves vous demandent s’il est possible de venir travailler sur le projet pendant les vacances au lycée, on peut dire que pour eux, travailler sur un projet n’est plus réellement du travail. Cela s’apparente plus à du loisir. 

Pour finir, quelques mots… 

Comme je l’ai déjà évoqué, le fait de mener des projets scientifiques avec les élèves dépasse le cadre même des sciences. A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion d’avoir, parmi mes élèves certains qui éprouvaient des difficultés variées. Et à travers les projets, j’ai tout simplement vu ces élèves s’épanouir, et reprendre le dessus. Alors qu’ils étaient en échec avant d’intégrer le projet, ils réussissaient leur scolarité car en participant à un projet, ils se mettent dans une situation de réussite, et ils transfèrent cette réussite et la confiance en eux qu’ils ont gagnée, à l’ensemble des disciplines. J’ai reçu des témoignages en ce sens, venant d’eux-mêmes ou de leurs parents qui m’ont beaucoup touché et qui m’encouragent à poursuivre les actions que je mène auprès d’eux. 

Enfin, mener de tels projets avec les élèves  permet de mettre en place des démarches d’investigation très abouties, car on se donne une année, voire deux pour les réaliser. Cela donne l’occasion aux élèves d’apprendre à réfléchir par eux-mêmes, à formuler des hypothèses, à les vérifier soit expérimentalement, soit en faisant des recherches bibliographiques, de formuler de nouvelles hypothèses, etc. En faisant toutes ces démarches, les élèves apprennent finalement à réfléchir par eux-mêmes. Ils ne se contentent pas de lire et d’accepter, mais ils apprennent à chercher, à argumenter. Ce sont des démarches qui d’un point de vue général permettent à tout citoyen d’être libre de penser au lieu de se contenter d’accorder du crédit absolu à une information qui peut être fausse ou  erronée. C’est donc quelque chose que je dis à un moment donné aux élèves : à travers ces projets, vous apprenez à être des citoyens libres de penser, en connaissance de cause.

Les élèves participant à la finale nationale des Olympiades de Physique aux côtés de Jean-Brice Meyer et Tristan Clément, puis dans le sens horaire :  Oscar Pusniak, Garance Thebert, Lothaire Bonnin, Yixiao Zhang, Antoine Alapetite, Maxence Launay-Querré, Clara Carlin, Alexandre Dauger, William Robin, Pengyu Liang, Xiyao Zhang, Armand Pierre, James Goliger et Mathéo Arondeau.

Tristan CLÉMENT, technicien de laboratoire

Il collabore avec Jean-Brice MEYER, assurant le conseil et la logistique technique, indispensables à la mise en œuvre des projets des élèves.

– Pouvez-vous nous expliquer votre rôle et votre implication dans les projets auprès des élèves ?

Mon rôle dans le projet des élèves est d’apporter une logistique technique et organisationnelle. J’interviens dans l’usinage des pièces en accompagnant les élèves dans une démarche sécuritaire, dans une réflexion coordonnée quant au choix des matériaux, dans la faisabilité et la réalisation de leur projet. Des moments d’échanges sont organisés dans l’optique de l’amélioration à apporter sur le système à exploiter, lors desquels un partage d’idées et de connaissances se met en place.

– Comment coordonnez-vous votre travail avec les enseignants dans le cadre de ces projets ?

Nous travaillons ensemble sur des créneaux établis à la réalisation des projets. La collaboration et la coordination nous permet d’associer nos compétences mutuelles, qui sont d’ailleurs complémentaires. La capacité d’adaptation de chacun nous amène à des responsabilités partagées et une reconnaissance mutuelle de notre travail. Il faut aussi avoir le goût des challenges et oser sortir de sa zone de confort pour offrir la possibilité aux jeunes de créer et s’épanouir au travers d’initiatives scientifiques.

– Quelles satisfactions personnelles et fiertés votre métier vous apportent-elles particulièrement ?

La plus grande fierté est de participer à la construction et au développement des jeunes , de partager mon savoir avec eux  et d’apporter une pierre à leur édifice. Plus personnellement, j’apprécie la reconnaissance de mon travail aussi bien par les élèves que par les enseignants ; comment ce travail est apprécié et respecté. Ce qu’il faut retenir c’est l’environnement de travail qui reste joyeux,  innovant  et le bon état d’esprit des élèves. Le plus important peut-être est de pouvoir partager mes connaissances avec des jeunes qui ont une soif de savoir et de découvertes.

Crédits photos (sauf mention contraire) : Jean-Brice MEYER-LP2I

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